Investir dans une SCPI : quels sont les risques à prévoir ?

Un milliard d’euros a quitté les SCPI en 2023. Ce chiffre marque une rupture nette avec des décennies d’enthousiasme sans faille pour ce support d’investissement. Face à cette déferlante de retraits, certains gestionnaires imposent aujourd’hui des files d’attente pour récupérer ses fonds, même sur les parts que l’on croyait “liquides”. Derrière les performances affichées, il faut regarder de près : les frais d’entrée, les variations du marché, la valeur à la revente, tout cela finit par peser sur la rentabilité réelle.

Les belles années d’hier ne garantissent rien pour demain. Les lois fiscales se modifient au fil des réformes, rognant parfois sur les gains. Dès la souscription, il faut arbitrer : rendement, sécurité, disponibilité des fonds. Rien n’est jamais automatique, ni pour l’investisseur, ni pour le gestionnaire.

SCPI : l’essentiel à connaître avant de se lancer

La SCPI, société civile de placement immobilier, a depuis longtemps trouvé sa place chez les épargnants qui veulent miser sur la pierre tout en évitant les tracas de la gestion directe. Ce placement collectif permet à chaque investisseur d’acheter des parts de SCPI et de percevoir une fraction des loyers encaissés, versés sous forme de dividendes, sans jamais devoir s’occuper d’une seule fuite d’eau ou relance de locataire. C’est la société de gestion, agréée, qui orchestre l’ensemble : sélection des biens (bureaux, commerces, logistique, santé, logement), gestion locative, arbitrages.

Le choix est vaste : une SCPI diversifiée pour répartir les risques, une SCPI spécialisée pour cibler un secteur porteur, une SCPI européenne pour alléger la fiscalité. Le type de capital a aussi son mot à dire sur la flexibilité : une SCPI à capital variable facilite les entrées et sorties, alors qu’une SCPI à capital fixe encadre strictement la revente des parts, la réforme ASPIM étant passée par là pour préciser les règles.

Pour mieux comprendre, voici les principales caractéristiques des SCPI :

  • Rendement SCPI : généralement compris entre 4,5 % et 6 % espérés en 2025, avant impôts et frais.
  • Acquisition possible en direct, via assurance-vie (avec fiscalité allégée), à crédit ou en nue-propriété pour optimiser temporairement la fiscalité.
  • Les dividendes reflètent à la fois la santé du marché immobilier et la qualité du gestionnaire.

L’engagement n’est pas anodin. Investir dans une SCPI, c’est se positionner sur le long terme. La revente s’effectue sur le marché primaire (nouvelles parts mises en circulation) ou sur le marché secondaire (rachat de parts existantes), avec un prix unique. Les frais d’entrée se situent souvent entre 8 et 12 %, les frais de gestion autour de 8 à 10 % des loyers perçus. Chaque année, une évaluation indépendante du patrimoine permet aux associés de suivre la valeur de leurs parts et la performance du placement.

Quels sont les risques réels pour les investisseurs ?

SCPI : le mot rassure, pourtant la prudence s’impose. Le risque le plus redouté, c’est celui de voir son capital diminuer. Aucune promesse ici : la valeur des parts suit les mouvements du marché immobilier, les soubresauts économiques, les périodes de crise ou de remontée des taux. Si le patrimoine sous-jacent baisse, si des locaux restent vides ou si certains loyers ne sont plus payés, le rendement s’effrite, le capital recule.

Vient ensuite l’épineuse question de la liquidité. Revendre ses parts ? Ce n’est jamais immédiat. Il faut parfois patienter des semaines, voire des mois. Les SCPI à capital fixe sont encore moins souples. Le marché secondaire existe, mais il suppose que vendeurs et acheteurs se croisent au bon moment, à un prix acceptable.

Voici une vue d’ensemble des principaux risques à prendre en compte :

  • Risque de gestion : tout dépend de la société de gestion. Une sélection d’actifs insuffisante, une gestion défaillante ou la faillite du gestionnaire peuvent entraîner des pertes significatives.
  • Risque sectoriel et géographique : une SCPI trop orientée vers un secteur ou une région s’expose davantage à des crises locales ou à des retournements de marché spécifiques.
  • Risque fiscal : les revenus sont imposés comme des revenus fonciers, soumis aux prélèvements sociaux (17,2 %). Les SCPI européennes bénéficient d’un régime fiscal différent, mais la fiscalité reste un point clé.
  • Risque de fraude : attention aux fausses SCPI, aux promesses irréalistes ou aux pratiques commerciales trompeuses. Même si le secteur est surveillé par l’AMF, la vigilance reste nécessaire.

Les SCPI investies hors zone euro présentent aussi un risque de change. La fluctuation des devises peut impacter directement la rentabilité. Chaque paramètre compte : malgré la régulation, la SCPI reste soumise aux aléas de la conjoncture et à la main de l’homme.

Fluctuations, liquidité, fiscalité… comment ces facteurs impactent votre placement

Miser sur la SCPI, c’est choisir la solidité de la pierre, mais il faut accepter les secousses du marché immobilier. Quand les prix varient, que l’économie se grippe ou que des crises éclatent, la valeur des parts réagit aussitôt. Un taux d’occupation financier qui baisse, des locaux qui restent vacants, des loyers qui ne rentrent plus : les dividendes se réduisent, le rendement fléchit. Les SCPI diversifiées encaissent mieux le choc, en répartissant les risques entre plusieurs secteurs et marchés. À l’opposé, une SCPI spécialisée se trouve plus exposée en cas de crise dans son domaine de prédilection.

La liquidité pose aussi question. Revendre ses parts est possible, mais sans aucun délai garanti : il peut s’écouler plusieurs semaines, parfois plusieurs mois, avant de trouver preneur sur le marché secondaire. Les SCPI à capital variable offrent un peu plus de souplesse grâce à leur mécanisme de réserve. Les SCPI à capital fixe, elles, imposent un prix unique de transaction, avec un cadre renforcé par la réforme ASPIM, mais le temps d’attente reste une réalité.

La fiscalité, enfin, a son poids. Les frais de gestion et de souscription (entre 8 et 12 % à l’entrée, 8 à 10 % sur les loyers) réduisent la performance. Les revenus sont imposés comme des revenus fonciers, soumis aux prélèvements sociaux (17,2 %), sauf pour les SCPI européennes qui bénéficient d’un régime plus favorable. L’assurance-vie peut offrir une respiration fiscale, à condition de respecter les spécificités du contrat. Chaque variable, du marché à la fiscalité en passant par la gestion, joue sur la rentabilité finale.

Femme en discussion avec un conseiller immobilier au bureau

Des bonnes pratiques pour investir sereinement dans une SCPI

Le choix du véhicule ne doit rien au hasard. Diversifier ses placements reste la meilleure parade : privilégier une SCPI investissant dans plusieurs secteurs (bureaux, commerces, santé, logistique, résidentiel) et différentes régions protège d’un retournement brutal sur un segment ou une zone. Cette répartition amortit les chocs et sécurise le patrimoine.

L’expérience du gestionnaire compte. Examinez la solidité et la transparence de la société de gestion. Étudiez les rapports annuels, le taux d’occupation, la régularité des dividendes. Une société reconnue, contrôlée par l’AMF, inspire confiance et garantit un pilotage rigoureux. Avant de s’engager, il ne faut pas hésiter à comparer, lire les rapports, poser des questions concrètes.

La durée d’investissement fait partie de l’équation. On ne rentre pas en SCPI pour sortir au premier coup de vent. Il faut envisager un horizon long, souvent entre 8 et 12 ans. Ce temps permet d’absorber les frais d’entrée et de profiter d’un rendement annuel moyen de 4,5 à 6 % selon les conditions du marché.

Critère À examiner
Diversification Répartition sectorielle et géographique des actifs
Gestionnaire Expérience, transparence, taux d’occupation
Horizon Huit à douze ans minimum

Il est préférable de se faire accompagner. Un conseiller indépendant peut vous aider à décrypter la fiscalité (revenus fonciers, assurance-vie, nue-propriété) et à identifier la SCPI la plus adaptée à vos objectifs. Cette expertise affine la sélection et renforce la sécurité du placement.

Investir en SCPI, c’est s’engager dans une aventure patiente, où la prudence et la préparation font la différence. Un choix réfléchi aujourd’hui, c’est une chance supplémentaire d’éviter les mauvaises surprises demain.